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Pour profiter pleinement des images, je vous conseille de les agrandir en cliquant dessus.

 

 

Lundi 30 mai 2011

 

Ligne de grain

 

Target: Taylor, NE

 

La situation du jour nous amène à nous diriger vers le Nebraska. Les premiers orages devraient se développer dans l'après-midi, avec un potentiel supercellulaire, avant de se multiplier au fil des heures et de finalement former une imposante ligne de grain.La chasse s'annonce assez compliquée aujourd'hui. Le quart nord-est du Nebraska est assez désertique, et le réseau routier l'est tout autant. Mais difficile de faire autrement. C'est là que tout devrait se passer. La zone a été placée en "Moderate Risk" par le SPC.

Nous arrivons dans le secteur en début d'après-midi. Les paysages sont très beaux, et nous changent de ceux contemplés les jours précédents. Ici, petites collines et pâturages composent un décor apaisant, qui invite au voyage. Mais le ciel ne nous attend pas. Déjà, les premiers orages sont apparus à peine quelques kilomètres à l'ouest de notre cible de départ. Comme souvent, de nombreux autres chasseurs sont sur le terrain. Si les premiers orages offrent déjà de belles structures, on comprend vite qu'il va être compliqué aujourd'hui de les suivre. Le flux général poussent les cellules vers le nord-est alors que les routes suivent méridiens et parallèles, avec une densité pour le moins limitée. Tout le jeu va consister à se placer correctement pour les intercepter au meilleur de leur forme. Un procédé que je connais bien en Corse...

 

 

 

 

De nouvelles cellules se forment régulièrement légèrement au sud-ouest de notre position. Si elles se présentent déjà bien formées au moment où elles nous passent devant, c'est quelques dizaines de kilomètres plus loin qu'elles dégénèrent, entrant parfois en rotation.

 

 

 

 

Pour autant, nous choisissons de camper sur nos positions. Notre route est finalement assez bien située, permettant de bien observer la pointe sud du système orageux qui prend progressivement forme. En effet, comme prévu les orages tendent à se souder pour ne forme qu'une seule et immense ligne, et il semble bien trop tard pour faire machine arrière. Et puis sur ce genre de système, c'est bien souvent à hauteur de la pointe méridionale que le potentiel tornadique finit par se concentrer. C'est ainsi que nous passons une grande partie de l'après-midi à naviguer d'est en ouest et inversement, jusqu'au moment où la ligne de grain se décide à avancer plus franchement. Doucement, un front de rafale se constitue, soulevant la poussière des champs cultivés. Plusieurs fois, nous nous laissons rattraper par les bourrasques de vent, sentant alors la brusque arrivée de l'air froid de l'orage dans une ambiance de fin du monde. Au fil des minutes, l'orage gagne en puissance. Et c'est peu avant la tombée de la nuit qu'une splendide structure nuageuse se présente à nous. Malheureusement, les conditions de prise de vue sont extrêmes et pour ainsi dire quasi impossible. Le vent souffle avec une violence toute particulière à son passage, avec une visibilité réduite à moins de 10m par la poussière. Une ambiance hors du commun.

 

 

 

 

Nous gagnons la ville de Grand Island où un air d'apocalypse se dégage. Pluie, vent, petite grêle et éclairs incessants dressent un tableau peu rassurant pour les autochtones, fascinant pour nous autres passionnés.

Craignant la grosse grêle, on réfugie la voiture sous le porche d'un hôtel, le temps du passage de l'orage. Une fois le calme revenu, on se poste à la sortie de la ville pour observer le monstre s'éloigner, avec ses multiples éclairs.

 

 

 

 

Finalement, plusieurs tornades ont été recensées sous les différentes cellules de l'après-midi et de la soirée. A l'aéroport de Grand Island, le vent a soufflé à 74 mph (119 km/h) au passage de l'orage et de multiples dégâts ont été constatés dans la ville...

 

 

Mardi 31 mai

 

Petit break

 

Le ciel prend une pause, et nous aussi! L'occasion de recharger les batteries tout en profitant du soleil.

 

 

Mercredi 1er juin

 

Grosse journée

 

Target: Norton, KS

 

Aujourd'hui, tous les chasseurs convergent vers l'ouest du Kansas. Notre analyse de la situation nous amène à Norton. C'est là qu'on retrouve quelques figures du milieu comme Roger Hill ou Mark Robinson avec qui on échange quelques mots sympas. Tout le monde attend et l'ambiance est très conviviale. Il faut toutefois garder un oeil sur le ciel et c'est pourquoi nous nous éloignons un peu de la ville afin de trouver un point de vue convenable.

Les premiers cumulus congestus ne tardent pas à se former, d'abord en direction du nord, puis vers le sud. Et c'est dans cette dernière direction que la sauce semble prendre le mieux. On décide donc de rester aux abords de la ville puisqu'il apparaît clairement que les orages devraient passer par ici. Tout se passe très rapidement. A peine avons-nous le temps de saisir quelques images de la bête, qu'un rideau de grêle assez dense se dessine devant nos yeux. La force des échos radar ne fait que confirmer cette hypothèse. Nous choisissons donc de nous replier rapidement vers Norton afin de trouver un abri pour la voiture. La station essence de l'entrée de la ville fera parfaitement l'affaire.

A peine nous voilà abrités, qu'un premier grêlon s'abat sur le parking. Puis deux, puis trois, c'est finalement une bonne averse de grêle qui passe au-dessus de la ville, certaines pièces atteignant bien les 3 centimètres. Les clients de la station ne tarde pas à se ruer dehors pour tenter d'abriter leur véhicule.

 

 

 

 

Pendant ce temps, de puissants éclairs positifs se produisent quelques kilomètres à l'est, générant de véritables coups de canon. La grêle restera finalement de taille raisonnable et c'est après son passage que nous reprenons la route pour suivre la cellule. Mais l'orage peine à se structurer convenablement pour espérer une mise en rotation.

 

 

 

 

On le quitte donc pour une autre cellule située plus au sud mais le scénario se répète. D'autres orages plus au sud-est offrent quelques signatures radar intéressantes, avec des rotations bien définies, mais l'accès y est désormais compliqué. C'est finalement une cellule formée plus au nord qui attire notre attention. Elle se situe le long de l'interstate côté Nebraska, et stationne déjà depuis de longues dizaines de minutes. Les choses se présentent déjà mieux. L'orage a meilleure allure. Quelques éclairs positifs tombent de temps à autre. La cellule finit par se diviser en deux. L'une des cellules filles part en direction du nord-est alors que l'autre file plein est, soit à droite du flux général orienté au sud-ouest. C'est plutôt bon signe pour l'avenir. Si l'on obtient de très belles ambiances au soleil couchant, pour autant, la machine ne s'emballera pas...

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps, dans notre sud-ouest la situation dégénère quelque peu. Un amas d'orages s'est formé et se dirige droit sur nous, ce qui nous promet une soirée électrique. On part un peu plus au sud pour jouer la pointe méridionale d'une des cellules orageuses. On jouera avec elle une bonne partie de la soirée, avec à la clé un très beau nuage en rouleau et de puissants impacts de foudre positifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tant bien que mal, on trouve un hôtel vers 1h30 du matin, bien fatigués par cette grosse journée.

 

 

Jeudi 2 juin

 

Foudre colorée

 

Target: Lamar, CO

 

Un dilemme se présente face à nous. Grossièrement, il nous reste potentiellement une dizaine de jours de chasse avant notre départ. Les premières semaines ont déjà été très riches. Durant les 3 jours qui viennent, le plus fort potentiel orageux devrait se concentrer vers le nord, dans le Nebraska voire le Dakota du Sud. Ensuite, une petite période de calme se profile. Mais, on aimerait aussi goûter aux splendides parcs nationaux des Rocheuses, et ce pourrait bien être le seul véritable moment pour en profiter, et pouquoi pas sous quelques petits orages. Alors, décision est prise de partir vers le sud-ouest. On va longer les Rocheuses en se dirigeant vers le sud, tout en jouant les orages se développant le long de la ligne sèche. Ce sont deux jours de chasse presque assurés, tout en progressant vers les parcs.

Nous voilà donc partis pour l'est du Colorado. La journée commence sous un ciel nuageux dans une ambiance lourde, mais le soleil revient au fur et à mesure que nous progressons alors que la chaleur s'installe. Les premiers orages se forment comme prévu le long de la ligne sèche, mais bien au sud de notre position. On continue donc notre route dans cette direction, espérant les intercepter à hauteur des Panhandles. Ce sont des orages à bases élevés, orages qui ont la caractéristique d'être généralement peu pluvieux et d'offrir de beaux éclairs. Ils avancent plutôt lentement, ce qui devrait nous faciliter la chasse. On espère quelques beaux éclairs et de nouvelles ambiance.

On se positionne sur une bute pour observer l'orage approcher, mais la pluie et le vent nous gagne rapidement, ce qui anéantit provisoirement nos perspectives de prises de vue. On se replie donc que quelques kilomètres vers l'est pour échapper aux mauvaises conditions. L'activité électrique, plutôt noyée et peu généreuse depuis le début, commence à se renforcer. Un imposant nuage de poussière se forme à l'avant, suite à l'étalement de l'air froid en provenance du coeur de l'orage. L'ambiance est très particulière, et la foudre commence à se déchaîner tout près de nous.

 

 

 

 

 

 

Il faut encore une fois reculer un peu. Le soleil s'approche de l'horizon et c'est à ce moment que touts'enflamme. Filtrés par la poussière, les rayons solaires donnent au ciel des couleurs de fin du monde, à la beauté presque insolente. L'excitation et l'émerveillement envahissent l'équipe.

 

 

 

 

 

 

 

 

La tombée de la nuit signe la fin de l'activité orageuse. On passe la nuit à Sudlette, KS, des souvenirs pleins la tête...

 

 

Vendredi 3 juin

 

Orage du désert

 

Target: Ouest d'Amarillo, TX

 

La situation est assez similaire à celle de la veille. C'est donc l'occasion de poursuivre un peu notre route vers les parcs. Encore une fois, la convection début dans le Nouveau Mexique en début d'après-midi. C'est ainsi que nous retrouvons au milieu de nulle part, dans un champ. L'éolienne et le bassin d'eau qu'elle permet d'alimenter font office d'oasis au milieu de ce désert. Il n'y a rien ou presque, mais c'est beau. A l'est, le ciel est clair. A l'ouest, les cumulonimbus sont là, mais peu vigoureux tout de même. Ce ne sont pas les faibles précipitations qui semblent s'en échapper qui vont apporter l'eau tant attendue dans ces régions coutumières des sécheresses ces dernières années.

 

 

 

 

Malgré tout, quelques éclairs s'échappent, accompagnés de roulement de tonnerre qui viennent troubler la quiétude des lieux. Soudain, un grincement. L'éolienne fait un quart de tour et s'accélere. A peine le temps de comprendre ce qu'il se passe que le vent chargé de poussières vient fouetter nos visages.

 

 

 

 

On ne l'a pas vu venir. C'est une rafale qui s'est échappée de l'orage. On protège tant bien que mal le matériel photo et on se replie dans la voiture puis on repart vers le sud, en direction d'une autre ligne orageuse. Mais nos espoirs tombent vite à l'eau. Tout s'effondre brutalement. La réussite de la veille n'était pas au rendez-vous.

 

 

Samedi 4 juin

 

Inattendu

 

Cette fois c'est parti. Nous délaissons les routes des Grandes Plaines pour prendre celles des Rocheuses et de ses parcs. Il y a bien de la convection attendue de nouveau le long de la ligne sèche, mais tout devrait se passer plus à l'est. Et si l'on veut profiter des parcs, on ne peut plus attendre. C'est donc une journée sans chasse qui se profile.

Mais le ciel en décide autrement. On aperçois les premiers bourgeonnenment plein ouest dès la mi-journée, soit droit sur notre route. Durant la pause déjeuner, ce sont tout simplement plusieurs cumulonimbus qui ont pris forme. On modifie notre itinéraire de quelques kilomètres pour aller à leur rencontre. L'une d'entre elle, la plus vaillante, fait du surplace. L'activité électrique est essentiellement intranuageuse, mais l'ambiance est bien là. Et puis c'est toujours plaisant quand ce n'était pas programmé. On en profite pendant une ou deux petites heures avant de repartir, au moment où l'orage commence à faiblir.

Plus à l'ouest, à l'arrière de l'orage, les contrastes et couleurs sont saisissants.

 

 

 

 

Maintenant, à nous les parcs!

 

 

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